le 27.05.2022
Économique, physique, psychologique et symbolique : en 2022, le coût des règles demeure élevé pour les français·es, et de plus en plus de personnes pensent qu’il faut lutter contre le tabou des règles dès le plus jeune âge.
Aujourd’hui encore les règles sont taboues pour un·e français·e sur deux.
Elles se cachent derrière des euphémismes, des chuchotements et des images publicitaires qui promettent la liberté et des odeurs de fleurs des champs.
Les actes et les mots du quotidien qui consistent à cacher les règles, participent d’une mésinformation, voire d’une désinformation globale sur le sujet. Peeling à base de sang de règles, perturbation du cycle menstruel lié à l’infidélité, risque d’attirer les requins quand on se baigne…
Ces fake news et idées reçues peuvent prêter à sourire, mais elles restent répandues, et remplacent parfois un savoir élémentaire sur le processus physiologique des règles, le temps d’utilisation des protections périodiques, ou encore l’origine des douleurs de règles.
De fait, près de 60% des personnes interrogées n’ont reçu aucun enseignement formel à propos des règles, et seulement un quart des jeunes qui sait qu’il y a des maladies liées aux règles, a appris à l’école, contre la moitié des jeunes, qui l’a su grâce aux réseaux sociaux.
Or, si les réseaux sociaux peuvent permettre de faire émerger des sujets, d’en débattre, et de diffuser des informations, ils ne peuvent pas se substituer à un enseignement formel accessible à tou·tes, notamment dans le cadre scolaire.
De fait, la volonté d’un enseignement menstruel formel est unanime : tout genre, tout âge, et tout milieu social confondu, près de 85% des français·es y sont favorables. Chiffre qui se précise lorsqu’on interroge la part la plus jeune de la population. À titre d’exemple, les 16-19 ans sont favorables à un enseignement menstruel à presque 100%.
Et pour cause, les jeunes semblent les plus touché·es par la précarité menstruelle et les conséquences directes du tabou des règles :
À ces chiffres, on peut ajouter ceux du rapport OpinionWay pour Plan International France L’hygiène menstruelle et les pays en voie de développement, qui souligne que près de la moitié des filles ressentent de la honte lorsqu’elles ont leurs règles, et que plus des deux tiers ont déjà dû manquer un cours de sport à cause de leurs règles.
L’information et l’enseignement menstruel apparaissent donc comme les premiers outils pour que les règles ne soient plus, d’une part taboues, d’autre part sources d’inconfort, de honte, d’angoisse, et in fine, d’inégalités entre les femmes et les hommes.
L’autre pierre angulaire de l’action contre la précarité menstruelle et le tabou des règles demeure le rôle des pouvoirs publics. 8 français·es sur 10 pensent en effet que la précarité menstruelle est un enjeu de santé publique, et près de 9 français·es sur 10 pensent qu’il faudrait mettre à disposition des protections gratuites pour toutes les personnes qui en ont besoin.
Ces deux dernières années, en France, un budget de 6 millions d’euros a été attribué à la lutte contre la précarité menstruelle. La mise à disposition de protections périodiques dans les prisons, les universités, certains lycées et certains collèges, a permis de venir en aide à certaines des personnes qui en avaient le plus besoin.
60% des personnes interrogées pensent néanmoins que le rôle des pouvoirs publics demeure insuffisant dans la lutte contre la précarité menstruelle. En outre, plus de 80% des personnes interrogées sont favorables à la mise à disposition de protections périodiques, dans les lieux publics en général, et dans les établissements scolaires spécifiquement.
Donner davantage accès aux protections périodiques apparaît donc comme une étape clé pour lutter contre la précarité menstruelle. Dans cette optique d’accessibilité, on se rend aussi compte que de plus en plus de personnes envisagent l’accès à la santé menstruelle dans sa globalité. 95% des personnes interrogées pensent ainsi qu’il serait légitime de rembourser les frais de santé liés aux troubles et pathologies des règles (comme les antidouleurs et antispasmodiques).
De fait, le nombre de personnes concernées par des maladies de règles semble croissant, puisque 20% des femmes interrogées souffrent d’une maladie des règles et 27% des personnes interrogées connaissent quelqu’un qui en souffre.
Finalement, les résultats du baromètre annuel (Sondage Opinion Way pour Règles Élémentaires) mettent en avant la volonté d’une prise en charge globale et coordonnée de la santé menstruelle. En effet, de l’éducation menstruelle, à la mise à disposition des protections périodiques pour toutes les personnes qui en ont besoin, jusqu’au remboursement des médicaments permettant de réduire les douleurs de règles, les français·es semblent prêt·es à vouloir briser le tabou des règles, à condition que les pouvoirs publics y mettent les moyens nécessaires.